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Lecture, écriture et traductions... des é-mot-ions, des sens-ations... un grand appétit de découvrir et de créer sans cesse de nouveaux mots.

jeudi 5 novembre 2009

Some Might Say

Comment ne pas se sentir étrangement attiré par une vie telle que celle du anti-héros de Solo Album...une vie où le distributeur de billets est toujours très généreux, la musique coule à flots, et les seuls soucis du quotidien sont de savoir quels nouveaux vinyls on va s'acheter aujourd'hui. Pas de responsabilité, de contraintes, juste se laisser porter par le vent de la vie. Sans se soucier du lendemain. Une légère ressemblance avec les héros, tout aussi anti-, de Murakami, me le rend très sympathique ce pauvre narrateur sans nom. Sauf que lui il n'est pas sur la piste d'une histoire fabuleuse, mais à la recherche d'une solution pour reconquérir son ex-copine qui, soit dit en passant, l'a quitté par fax...
Depuis il ne vit plus, il survit. À haute dose de télévision, vinyls d'Oasis et soirées vacillantes où même la coke et l'alcool ne lui sont d'aucun secours pour sortir de son marasme (Note: Ce n'est pas cet aspect là que je trouve "attirant", je vous rassure tout de suite!). Les jours défilent et il se contente, passif, d'observer les autres, ceux qui sortent le dimanche, qui semblent avoir toujours un but invisible et qui font des choses "sensées", telles que acheter des tupperwares ou bien sortir les poubelles. . .
Il fait des listes, des classement, catégorise, analyse, pour toujours en revenir au même point: c'était tellement mieux avant...

Un petit extrait pour vous:
"J'aimerais faire des choses utiles. Du moins considérées comme telles: ranger, m'occuper de la paperasse qui traîne (ou au moins commencer à le faire), lire un, voire même deux livres, rencontrer des gens intelligents, faire la vaisselle, passer l'aspirateur, faire du sport, faire du sport avec une femme, aérer, jeter les poubelles (verre et papier). Mais aujourd'hui, non ce n'est pas le bon jour, tout comme hier d'ailleurs, quant à demain, je n'ose même pas y penser. [...]
C'est au moment de la puberté qu'on se laisse envahir pour la première fois par cette pensée: ces mouvements de va-et-vient perpétuels tels que s'habiller-se déshabiller, gagner-perdre, salir-nettoyer, tomber amoureux-cesser de l'être, acheter-vendre ne peuvent que vous rendre fou. Et pathétiquement on continue de se demander: dans quel BUT?" (Solo Album, Benjamin von Stuckrad-Barre. Köln 1999.)

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